jeudi 15 septembre 2011

« On soutiendra l'imam jusqu'au bout »

À l'initiative d'une dizaine de femmes du quartier Sainte-Geneviève,
une pétition circule actuellement pour empêcher le départ annoncé de l'imam
de la mosquée Khadija.
Khalid Boutere ? Un imam « ouvert, tolérant, humain et qui a su donner une véritable place aux femmes à la mosquée ». Voilà comment ces femmes musulmanes le définissent et surtout pourquoi elles ont monté un collectif pour le soutenir et tenter d'empêcher son éviction (lire par ailleurs).
Afin de mobiliser les fidèles, elles font signer, depuis dimanche, une pétition argumentée. Et elles ne comptent pas s'arrêter là. « On soutiendra l'imam jusqu'au bout », répètent-elles.
Dans un courrier adressé à Guy Férez, maire d'Auxerre et au préfet de l'Yonne, Jean-Paul Bonnetain, le collectif de la mosquée Khadija dénonce « des pressions à l'encontre de l'imam et de tous ceux qui le soutiennent exercées par une minorité de personnes ayant un comportement immoral et intolérant ».
Pour ces femmes, « ces gens qui veulent que l'imam s'en aille sont des arriérés, qui ont encore une mentalité à l'ancienne ».
(...)
Questions à Khalid Boutere, Imam à la mosquée Khadija : Comment vivez-vous cette situation ? Soutenu par les uns, critiqué par d'autres...
« Certes j'ai reçu un refus d'autorisation de travail de la part de la préfecture car, dès le départ, les démarches administratives pour m'employer ont été mal faites. Évidemment j'aimerais que tout ça soit au plus vite régularisé. Mais ces histoires de papiers ne sont qu'un prétexte pour me faire partir. En réalité, une minorité de gens ne sont pas d'accord avec ce que j'organise, en collaboration avec les fidèles, au sein de la mosquée. On me reproche de faire participer les femmes mais aussi d'avoir amené de la vie dans cette mosquée en mettant par exemple en place des repas festifs hebdomadaires durant le mois de ramadan. Ce que j'organise, je le fais en concertation avec les fidèles qui fréquentent la mosquée au quotidien et me faire harceler par des personnes qu'on ne voit jamais, c'est dur et pesant. Quand je suis arrivé, en avril 2010, la situation était compliquée à la mosquée. C'est ça qui m'a poussé à rester, justement pour améliorer les choses, pour que l'apaisement revienne. Mon objectif est de toucher et de discuter avec un maximum de gens, qu'ils soient croyants ou non. Lors de mon prêche, vendredi dernier, face à une salle comble, j'ai demandé aux fidèles qui sont contre ma présence de lever la main. Seulement une petite dizaine de personnes ont quitté la salle ; ce sont celles qui voudraient une mosquée traditionnelle, isolée du reste du monde. »
Ce qu'en disent le président et le secrétaire d'Avicenne :
Mohammed Lakhouit et Redouane Rhezouane, sont respectivement président et secrétaire de l'association Avicenne qui gère la mosquée Khadija. Ils expliquent que « si Khalid Boutere ne présente pas des papiers en règle et une autorisation de travail sur le territoire français d'ici huit jours, nous le licencierons ».
C'est donc le code de travail qui semble être la première raison pour laquelle l'imam serait poussé vers la sortie. « Nous l'avons averti au mois de mai et sommé de nous transmettre des documents prouvant qu'il est en conformité avec la loi, soulignent les deux hommes. À ce jour, nous n'avons toujours rien reçu et la direction du travail nous a informés que nous étions hors-la-loi. »
Mais, au-delà des dispositions légales, Mohammed Lakhouit et Redouane Rhezouane n'approuvent pas les méthodes de travail de Khalid Boutere et lui reprochent de « diviser les gens ».
Président et secrétaire pensent également que « cet homme monte les gens les uns contre les autres. C'est pour ça que nous lui avons demandé, à plusieurs reprises de prendre ses distances avec les fidèles ». Viennent s'ajouter à tout ça des arguments financiers. Selon Mohammed Lakhouit et Redouane Rhezouane « l'argent de la collecte réalisée auprès des fidèles sert à payer les charges de la mosquée ou encore à acheter des écrans plats (*) alors que normalement cet argent est destiné à la construction du centre culturel ».
Ils annoncent que ces dépenses sont « réalisées sur décision de l'imam qui n'a pourtant aucun pouvoir de cet ordre ».
(*) Ces télévisions ont été installées, en 2010, dans la salle de prière des femmes afin qu'elles suivent les discours et prêches de l'imam. 

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