Les deux frères prévenus pour des violences envers un policier à Montceau ont été jugés hier au tribunal de Chalon. L’un a été relaxé, l’autre condamné à 4 mois de prison ferme.Trois policiers à la porte de la salle d’audience, six autour d’eux sur les bancs des prévenus, et une dizaine de proches dans le public. Hier, au tribunal correctionnel de Chalon, les deux jeunes Montcelliens placés en garde à vue depuis lundi pour des violences envers un policier et, pour le plus âgé, le recel d’un chargeur d’arme, étaient bien entourés pour leur comparution immédiate.
Un stop grillé et une course-poursuite
Ces
deux frères n’ont pas reconnu les faits qui leur étaient reprochés. Des
événements survenus vendredi vers 16 h 15, derrière le local du Trait
d’Union situé rue de Mâcon à Montceau. Le procès-verbal du policier
victime de violences, dont l’état n’a pas nécessité d’interruption
temporaire de travail, a permis un premier résumé. L’homme ne s’est pas
porté partie civile et n’était pas représenté par un avocat. Tout
commence par un contrôle routier, avec un second policier : une Golf qui
grille un stop avec trois personnes à bord, puis une poursuite jusqu’au
Trait d’Union. Le conducteur prend la fuite et le motard, seul,
interpelle « le passager avant, qui s’éloignait tranquillement ». C’est
Sofiane*, 23 ans, au casier vierge. Dont le policier admettra qu’il ne
l’a pas « reconnu formellement » comme l’un des passagers. Le policier
déclare l’avoir « saisi par le poignet » mais s’être heurté au refus de
Sofiane de s’arrêter. Dès cet instant, « une quinzaine de personnes
interviennent, dont cinq ou six menaçants ». Parmi eux, Karim, 27 ans,
le frère de Sofiane. Condamné en Allemagne pour une infraction à la loi
sur les armes, et deux fois à Chalon en 2008 pour usage de stupéfiants.
Et aussi employé comme médiateur de quartier par la Ville.
Une arme en joue
Il
aurait « ceinturé » le policier par-derrière. Lequel a asséné un coup
de poing à Karim. Qui s’est exclamé : « Il m’a frappé », avant que
plusieurs jeunes, dont lui, « rouent de coups » le fonctionnaire de
police. Quand il se dégage, le policier sort son arme et « met en joue »
les jeunes, qui remarquent le chargeur par terre. Karim s’enfuit, le
policier tente d’interpeller un autre jeune avant de recevoir une
nouvelle pluie de coups. Il expliquera s’en être sorti sans grand
dommage grâce à son casque et son gilet pare-balles. Les prévenus
contestent presque toute la déclaration du policier, excepté le coup de
poing. « Je n’étais pas dans la voiture, raconte Sofiane. Le policier a
saisi mes poignets. Je viens de me faire opérer de la main et j’ai crié
de douleur ».
Si Karim s’est approché, c’est « pour écouter », et «
apaiser » la situation. Karim est petit et fluet, « alors comment
j’aurais pu l’étrangler par-derrière », interroge-t-il. Le Montcellien a
crié « pour avoir des témoins ». Karim explique qu’ensuite, c’est le
policier qui lui a passé un bras autour de la gorge, jusqu’à ce que les
deux hommes tombent à terre. Le jeune homme porte une minerve, et a reçu
trois jours d’ITT après un examen médical. Le policier aurait pointé
son arme « à 20 cm » de son front. « Il tremblait, j’ai vu ma vie
défiler devant moi », dit-il. Puis il est parti, avant de se rendre aux
urgences. S’il a rapporté le chargeur lundi au commissariat, c’est parce
qu’il l’avait trouvé dans sa boîte aux lettres. « J’ai demandé aux
jeunes de me le laisser, même anonymement », explique-t-il. Sur les
faits, deux policiers arrivés à la fin des échauffourées ont témoigné,
ainsi que deux garagistes. Ceux-ci ont juste vu « deux hommes se battre
». Les policiers n’ont reconnu personne. Le ministère public n’a pas été
convaincu par les prévenus et a « justifié » cette comparution
immédiate. Lundi soir, des feux de véhicules ont embrasé Montceau. « Il y
avait des troubles à l’ordre public, il fallait une réponse », a
expliqué le parquet. « Les violences ont eu lieu, l’affaire aurait été
réglée si le contrôle avait été accepté », a estimé le parquet, qui a
requis six mois ferme pour le duo. La défense a souligné le profil sans
problème des deux frères, et « le cran de Karim, qui a livré le chargeur
parce qu’il a confiance en la justice ». La relaxe a été demandée. Le
tribunal l’a accordée pour Sofiane et a condamné Karim à 4 mois de
prison ferme, sans maintien en détention.
* Prénom d’emprunt
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