lundi 26 décembre 2011

Burgondes et crânes déformés.

L'archéologie funéraire a laissé des mystères toujours non élucidés à ce jour. Parmi ceux-ci subsistent celui des squelettes de grande taille et un nombre assez impressionnant de crânes déformés, retrouvés sur tous les continents du globe. Certains anthropologues ont supposé que ces pratiques étaient liées à l'existence de classes sociales à l'intérieur des communautés, une manière pour l'élite de se différencier physiquement du peuple. D'autres y ont vu le signe manifeste de malformations génétiques ou de dégénérescence de la race. Ces raisonnements sont un un peu simplistes, d'autant que l'on trouve ces déformations dans certaines civilisations avancées, en Égypte, au Mexique, tout comme en Europe ou en Asie.
         Plusieurs explications furent avancées. La plus extraordinaire est celle selon laquelle les pharaons ainsi que les prêtres qui pratiquaient ce type de mutilation dès l'enfance tentaient vainement de s'identifier aux anciens dieux descendus du ciel et d'acquérir leurs pouvoirs. A titre d'exemple, citons la très importante collection d'anthropologie physique du Musée de l'Homme à Paris, qui conserve une série de crânes déformés. Parmi ceux-ci, nous découvrons quelques spécimens de crânes allongés provenant du Pérou, mais plus curieusement encore, des crânes provenant de la région toulousaine. Dans ce cas, les archéologues font référence aux pratiques ancestrales datant des Burgondes, ce peuple germanique établi à l'origine sur les rives de la Baltique, l'île de Bornholm, puis entre la moyenne Vistule et l'Oder, du IIIe au Ve siècle de notre ère. La majorité de ces ossements proviennent des rives du lac Léman où les Burgondes s'implantèrent, vers 443 après JC, notamment aux alentours de Genève, de Nyon, près de Saint-Prex, Lausanne et La Tout-de-Peilz.

         Considérée comme une coutume barbare venant de l'Orient, les déformations rituelles de crânes eurent lieu chez les Huns, les Perses et les Mongols. A titre d'exemple, Attila avait un crâne en forme de pain de sucre. En 1867, en Hongrie, lors de l'éboulement de la rive de la Tiszaé, un pêcheur découvrit une série de crânes déformés dans la rivière. Une cinquantaine de crânes semblables furent trouvés entre 1867 et 1938 dans cette même région. Ils provenaient de sépultures dont le contenu rappelait des objets funéraires caractéristiques des Guépides, ce peuple barbare dont le royaume se trouvait à la frontière nord de l'empire romain, aux Ve et VIe siècles. Contrairement à notre conception occidentale, les difformités et les malformations, au lieu d'être considérées comme un châtiment divin, étaient, à une époque fort reculée, un signe distinctif, une sorte de marque de sélection. Pensons au nain difforme vénéré par les égyptiens sous le nom de Bès. Évoquons ces Cabires vivant cachés sur l'île de Samothrace et qui semblent avoir joué un rôle conséquent dans l'éducation de plusieurs civilisations dont celle de la Grèce notamment. Pour les anciens, il est évident que ces déformations avaient un rapport avec le pouvoir surnaturel. Dès lors, toute personne affligée de ce défaut était respectée. Les bossus bénéficièrent aussi de cette aura bénéfique. Frottez leur bosse vous portera chance ! suite

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