La question de l’abattage rituel est au centre de nombreux débats
depuis la diffusion d’un reportage jeudi dans Envoyé Spécial sur
France 2 (*). Nous faisons le point en Côte-d’Or.
«C’est un sujet très sensible », reconnaît le directeur
départemental de la protection des populations (DDPP 21). En Côte-d’Or,
les trois abattoirs (l’abattoir Bigard à Venarey-Les Laumes, la
Coopérative des usagers de l’abattoir de Châtillon (Copac) et la
Coopérative des abattoirs de Beaune (Copab)) pratiquent, en dehors de la
méthode dite « traditionnelle », ce que l’on appelle « l’abattage
rituel », qu’il soit halal (pour les musulmans) ou casher (pour les
juifs). Cela signifie que les bêtes (ovins ou bovins) sont tuées sans
étourdissement, avec un égorgement vivant par un sacrificateur habilité.
« Il y a un marché »
S’ils
sont tous plutôt bien classés en terme sanitaire (deux sur une échelle
de quatre), selons nos informations, certains abattoirs du département
auraient décidé de faire jusqu’à 50 % de leurs abattages de manière
rituelle. A la Coopérative des abattoirs de Beaune (Copab), Jean-Noël
Brugnot, le directeur, estime faire « moins de 30 % d’abattage halal ».
Il explique principalement travailler pour des grossistes (à
Saint-Jean-de-Losne, à Dole et à Beaune), mais aussi pour quelques
bouchers. « Chez nous, ils amènent les bêtes et nous demandent soit de
les égorger, soit de les assommer avant », explique-t-il, avant
d’ajouter : « On fait ce qu’on nous demande. En France, étant donné
qu’il y a une obligation d’égorger pour les musulmans (NDLR : et les
juifs), il y a un marché. »
A noter que les carcasses des deux
autres abattoirs de Côte-d’Or partent dans le département, mais aussi
vers le Sud-Est de la région parisienne, dans l’Ain ou encore dans le
reste de la Bourgogne et de la Franche-Comté.
Concrètement, pour
le consommateur, si toutes les obligations sanitaires sont respectées,
l’abattage rituel ne change rien à la qualité de la viande dans
l’assiette. En revanche, en amont, à l’abattoir, en terme d’hygiène, les
précautions à prendre sont plus importantes, notamment pour éviter le
développement de bactéries, comme l’Escherichia coli (voir encadré).
Dans
les grandes surfaces comme chez les bouchers, rien ne permet de savoir
si la viande est issue, ou non, d’un abattoir qui pratique l’abattage
rituel. A titre d’exemple, sur une barquette de viande en supermarché,
les seules indications concernant l’abattage sont la mention « abattu en
France », suivie d’un code d’identification.
Tout le monde aurait déjà mangé casher ou halal
Reste
que ni les grandes surfaces, ni les bouchers, ni les consommateurs, ne
connaissent par cœur l’abattoir qui correspond à ce code. Ainsi, il est
quasi impossible de savoir si l’abattoir concerné pratique ou non
l’abattage rituel et donc de savoir si la viande que l’on achète est «
normale », halal ou casher.
« Pour savoir si la viande que l’on
vend est issue d’un abattage rituel, il n’y a pas d’autre moyen que de
se tourner vers les abattoirs », déclare la responsable d’une boucherie
de Nuits-Saint-Georges. Or, les abattoirs qui fournissent les vendeurs
de viande de Côte-d’Or sont originaires de toute la France, voire de
d’autres pays de l’Union européenne. Impossible donc encore de savoir
qui fait quoi… C’est pour cette raison que certains consommateurs
expriment le souhait d’avoir un étiquetage plus précis.
(*) A voir en suivant le lien http://envoye-special.france2.fr/accueil.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire