mardi 21 février 2012

Jusqu’à 50 % de notre viande abattue rituellement

La question de l’abattage rituel est au centre de nombreux débats depuis la diffusion d’un reportage jeudi dans Envoyé Spécial sur France 2 (*). Nous faisons le point en Côte-d’Or. 

«C’est un sujet très sensible », reconnaît le directeur départemental de la protection des populations (DDPP 21). En Côte-d’Or, les trois abattoirs (l’abattoir Bigard à Venarey-Les Laumes, la Coopérative des usagers de l’abattoir de Châtillon (Copac) et la Coopérative des abattoirs de Beaune (Copab)) pratiquent, en dehors de la méthode dite « traditionnelle », ce que l’on appelle « l’abattage rituel », qu’il soit halal (pour les musulmans) ou casher (pour les juifs). Cela signifie que les bêtes (ovins ou bovins) sont tuées sans étourdissement, avec un égorgement vivant par un sacrificateur habilité.

« Il y a un marché »

S’ils sont tous plutôt bien classés en terme sanitaire (deux sur une échelle de quatre), selons nos informations, certains abattoirs du département auraient décidé de faire jusqu’à 50 % de leurs abattages de manière rituelle. A la Coopérative des abattoirs de Beaune (Copab), Jean-Noël Brugnot, le directeur, estime faire « moins de 30 % d’abattage halal ». Il explique principalement travailler pour des grossistes (à Saint-Jean-de-Losne, à Dole et à Beaune), mais aussi pour quelques bouchers. « Chez nous, ils amènent les bêtes et nous demandent soit de les égorger, soit de les assommer avant », explique-t-il, avant d’ajouter : « On fait ce qu’on nous demande. En France, étant donné qu’il y a une obligation d’égorger pour les musulmans (NDLR : et les juifs), il y a un marché. »
A noter que les carcasses des deux autres abattoirs de Côte-d’Or partent dans le département, mais aussi vers le Sud-Est de la région parisienne, dans l’Ain ou encore dans le reste de la Bourgogne et de la Franche-Comté.
Concrètement, pour le consommateur, si toutes les obligations sanitaires sont respectées, l’abattage rituel ne change rien à la qualité de la viande dans l’assiette. En revanche, en amont, à l’abattoir, en terme d’hygiène, les précautions à prendre sont plus importantes, notamment pour éviter le développement de bactéries, comme l’Escherichia coli (voir encadré).
Dans les grandes surfaces comme chez les bouchers, rien ne permet de savoir si la viande est issue, ou non, d’un abattoir qui pratique l’abattage rituel. A titre d’exemple, sur une barquette de viande en supermarché, les seules indications concernant l’abattage sont la mention « abattu en France », suivie d’un code d’identification.

Tout le monde aurait déjà mangé casher ou halal

Reste que ni les grandes surfaces, ni les bouchers, ni les consommateurs, ne connaissent par cœur l’abattoir qui correspond à ce code. Ainsi, il est quasi impossible de savoir si l’abattoir concerné pratique ou non l’abattage rituel et donc de savoir si la viande que l’on achète est « normale », halal ou casher.
« Pour savoir si la viande que l’on vend est issue d’un abattage rituel, il n’y a pas d’autre moyen que de se tourner vers les abattoirs », déclare la responsable d’une boucherie de Nuits-Saint-Georges. Or, les abattoirs qui fournissent les vendeurs de viande de Côte-d’Or sont originaires de toute la France, voire de d’autres pays de l’Union européenne. Impossible donc encore de savoir qui fait quoi… C’est pour cette raison que certains consommateurs expriment le souhait d’avoir un étiquetage plus précis.
(*) A voir en suivant le lien http://envoye-special.france2.fr/accueil.html

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