Entretien avec Alexandre Douguine
Propos recueillis par le magazine allemand Zuerst |

AD: Vladimir Poutine, qu’on le veuille ou non, apprtient aux vrais grands sur la scène politique internationale. Pourtant, il faut dire que la politique qu’il préconise est très spéciale, ce que bon nombre de politiciens et de médiacrates occidentaux ne sont apparemment pas capables de comprendre. D’une part, Poutine est un libéral, un homme politique résolument tourné vers l’Occident; d’autre part, il est un défenseur acharné de laa souveraineté et de l’indépendance russes. C’est pourquoi il s’oppose de front aux Etats-Unis et à leurs intérêts géopolitiques. Poutine est donc simultanément libéral-démocrate et souverainiste. Il est ensuite un réaliste politique absolu, une personnalité politique non fantasque. Poutine serait par voie de conséquence le partenaire idéal de tout pays occidental qui accorderait à la souveraineté une valeur identitque et aussi élevée. Mais les pays d’Occident ont abandonné depuis longtemps les valeurs du réalisme politique...
Q.: Que voulez-vous dire par là ?
AD: Voyez-vous, ce que croit l’Occident aujourd’hui, c’est qu’un jour toutes les démocraties libérales abandonneront leur souveraineté et se fonderont dans une sorte de “super-nation” sous l’hégémonie américaine. Telle est bien l’idée centrale de la globalisation à l’oeuvre aujourd’hui. Ce projet est irréalisable avec un Vladimir Poutine car il s’y oppose et défend la souveraineté russe. Ensuite, il ne reconnaît pas la prétention américaine à exercer cette hégémonie en toute exclusivité. C’est là qu’il faut chercher la vraie raison des attaques acharnées que commet l’Occident contre lui et de sa diabolisation. C’est aussi la raison pour laquelle l’Occident soutient de manière aussi spectaculaire l’opposition russe: il s’agit d’acquérir de l’influence et de consolider l’hégémonie occidentale.
Q.: D’après vous donc, Poutine fait tout ce qu’il faut faire...
AD: Bien sûr que non. Il a commis des erreurs, notamment lors des dernières élections pour le Parlement. Elles n’ont pas été aussi transparentes qu’elles auraient dû l’être.
Q.: La critique occidentale s’adresse surtout aux élections présidentielles...
AD: Pourtant, lors de ces élections-là, c’était le contraire: elles ont été parfaitement transparentes. La grande majorité des électeurs soutient Poutine, voilà tout, même si l’Occident ne peut ni ne veut le comprendre. L’étranger ne soutient qu’une minorité pro-américaine, ultra-libérale et hostile à toute souveraineté russe, pour qu’elle s’attaque à Poutine. Tel est l’enjeu. Voyez-vous, Poutine peut être bon ou mauvais en politique intérieure, cela n’a pas d’importance pour l’Occident. La mobilisation de ses efforts pour maintenir l’idée de souveraineté —et pas seulement la souveraineté russe— et l’existence d’un monde multipolaire fait qu’il est la cible de toutes les attaques occidentales. suite
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