lundi 5 août 2013

Comment les banques gagnent de l’or en stérilisant des matières premières



Pour les ultralibéraux les marchés et les bourses éclairent les décideurs économiques à l’aide d’indicateurs rationnels. La réalité est tout autre : adossées aux facilités financières de la Banque fédérale de réserve américaine (la FED), les grandes banques de Wall Street spéculent sur les matières premières (pétrole, blé, cuivre, aluminium, etc.),  pèsent sur leurs cours et disposent, avant d’autres acteurs économiques, d’éléments permettant d’anticiper l’évolution du cours de bourse des entreprises qui achètent les matières premières, objet des spéculations. C’est l’institutionnalisation du délit d’initié. Même certains journaux américains « mainstream » commencent à s’en émouvoir. Polémia publie sous la signature d’une de ses correspondantes un texte présentant un article de David Kocieniewski, paru le 20 juillet 2013, dans le « New York Times ». Nous livrons aussi à nos lecteurs l‘intégralité de l’article intitulé « Des tas d’aluminium mais, pour les banques, de l’or pur ». A  déguster et à méditer.

Polémia


Je suis avec beaucoup d’intérêt l’actualité financière, comme on lit un polar, sauf que la fin n’est pas encore rédigée…
Plusieurs grosses banques (Goldman Sachs, JP Morgan par exemple) ont mis en place une spéculation sur les matières premières (blé, pétrole, aluminium, etc.). Dans l’article ci-après que j’ai traduit en français (tiré du New York Times) il est décrit très précisément comment elles procèdent. Vous comprendrez comment certains malins ont deviné que le cuivre allait flamber ; attention aux poignées de porte qui risquent de disparaître !
Pour rappel ou information, Blythe Masters, une Anglaise de 48 ans, chargée du négoce sur les matières premières de la JP Morgan, a créé en 1994 ce qu’on appelle les CDS ou couvertures de défaillance. L’idée était de diluer sur plusieurs assureurs le risque d’assurance supporté pour de grosses opérations financières. Le procédé a été repris partout et, au final, a été un des éléments de la crise des subprimes. Pierre Jovanovic a écrit un livre à son sujet, que l’on peut compléter par les ouvrages de Paul Jorion sur la crise financière pour comprendre les mécanismes qui ont conduit à la situation actuelle.
Certaines banques dont Goldman et la JP Morgan, se sont aussi focalisées sur le marché des matières premières, surtout après le commencement de la crise en 2008. La JP Morgan a créé ce qu’elle nomme un centre de profit consacré à cette activité. Or, la semaine dernière, la JP Morgan a décidé d’y mettre un terme et négocie actuellement un accord à l’amiable de 500 millions d’euros avec les autorités, pour éviter des poursuites à l’encontre de la banque et de Blythe Masters.
Ce qui est intéressant est que quand on lit la presse anglo-saxonne (article ci-après) il est fort possible que Goldman Sachs et JP Morgan se fassent une guerre impitoyable, via les autorités de régulation qui ne seraient pas réellement aux manettes. C’est la bataille des Titans. Goldman a l’air de prendre le dessus. D’après certaines sources journalistiques, il n’y aurait pas de place pour deux.
Quelle est la conséquence économique pour les citoyens (là où les Anglais utiliseraient le vocable de consommateurs tant ils sont imprégnés de commerce) ?
- une inflation : les prix des denrées alimentaires augmentent beaucoup plus que le taux d’inflation officiel ;
- les salaires et pensions non indexés sur cette inflation réelle ;
- l’argent ne circule pas dans l’économie mais va soit dans des jeux d’écriture soit se placer dans des bulles spéculatives ;
- les banques anglo-saxonnes bénéficient d’argent gratuit (planche à billets de la Fed) et peuvent acquérir des actifs d’autant plus facilement qu’on explique aux Etats qu’étant déficitaires ou défaillants ils ont tout intérêt à vendre leurs bijoux de famille ;
- les économies des Français servent à renflouer les banques françaises en sursis (le livret A etc. qui va renflouer l’ardoise de Dexia) et, donc, cet argent ne circule pas non plus.
On laissera le lecteur libre d’imaginer les conséquences.  Nous risquons d’avoir :
- une surveillance de la population par des moyens techniques accrus (caméra, traçabilité, etc.) qui sera justifiée par la montée des vols, incidents, etc. ;
- un contrôle de l’argent accru (comme l’obligation de payer en virement tout paiement à partir de 10.000 euros et bientôt 4.000 euros) afin d’éviter la ruée aux guichets en cas de défaillance ;
- une augmentation de la fiscalité, et notamment immobilière pour obliger les gens à payer des taxes ou à vendre (et payer d’autres taxes en vendant), or, vu la montée du chômage, il va y avoir des situations d’arbitrage douloureux ;
- une monnaie qui perd de sa valeur, avec la création éventuelle d’une nouvelle monnaie avec une zone plus large (Etats-Unis + Europe) ; voir l’analyse de Pierre Hillard sur ce sujet.
Il a été déjà mis en place un système de renflouage des banques européennes via les comptes bancaires qui seraient ponctionnés en cas de faillite, ce qui comprend les comptes de dépôts de trésorerie des entreprises.
Bonne lecture, en attendant que les Goldman & Cie rachètent les instruments de musique après nous avoir fait bien danser ! polemia

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