Polémia
1- L’Europe en dormition
A la suite de la catastrophe européenne
des deux grandes guerres, l’Europe est entrée en dormition en 1945. Elle
recule sur tous les plans. Elle est soumise à la puissance américaine.
Elle est culpabilisée sous les prétextes de la « Shoah », de la
colonisation et de l’esclavage. « Le monde blanc est en recul général ».
Les nations européennes se sont vues imposées « la domination sans
partage de puissances et d’idéologies étrangères, dont la pseudo-Union
européenne est le produit. » Sous couvert de libéralisme le pouvoir est
aux mains « d’oligarchies prédatrices associées aux médias ». De plus –
et à la différence de l’Inde, du Japon ou de la Chine - « l’Europe n’a
pas de religion identitaire ». Car pour l’auteur, si le christianisme
porte une part de l’héritage européen, il est universel : et
l’universalisme qui fut un atout de l’Europe au temps de sa puissance se
retourne contre elle au moment où notre continent subit une immigration
de masse.
2- Le cycle historique commencé en 1914 touche à son terme
Comment dans ces conditions être
optimiste ? D’abord parce que le cycle historique commencé en 1914
arrive à son terme. En 1917, sur les ruines de l’ordre ancien
aristocratique, quatre idéologies sont nées et ont prospéré : le
fascisme, le national-socialisme, le communisme et le mondialisme
anglo-saxon. Le fascisme et le national socialisme ont disparu en 1945.
Le communisme en 1989. Dans Le siècle de 1914 paru en 2006,
Dominique Venner prédisait la chute du mondialisme anglo-saxon. Les
crises financières à répétition et le désastre budgétaire américain ont
confirmé depuis ce point de vue. On peut d’ailleurs se demander si
Dominique Venner n’a pas eu tort de dater de 1989 (la chute du
communisme) la fin du XXe siècle ; la date à retenir ne serait-ce pas
plutôt 2007, le début de la fin de l’empire américain ?
3- La chute de l’Amérique va libérer les nations européennes
Quoiqu’il en soit, la chute de la
domination américaine va libérer les nations européennes. Elle va
affaiblir leurs oligarchies dominantes (économiques, médiatiques,
politiques, culturelles) qui ne sont que le reflet des intérêts de Wall
street, du Pentagone et de leurs alliés. Comme les dépêches de Wikileaks
le révèlent, elle va permettre de s’affranchir d’un modèle économique
technomorphe et marchand, trop réducteur pour être conforme à la
mentalité européenne.
4- Face à l’immigration de masse, un réveil civilisationnel
Face à l’immigration de masse les
réactions se font aussi jour : « des signes de réveil populaires
apparaissent dans toute l’Europe occidentale montrant que les Européens
commencent à retrouver une conscience de soi ». La vitalité des partis
populistes, partout en Europe, en témoigne. Mais au-delà de cette
analyse politique, Dominique Venner souligne à juste titre que
l’opposition entre l’Europe et les masses musulmanes présentes sur son
sol se cristallise sur le statut et l’image de la femme : pour une
raison majeure, ce sont deux civilisations, deux représentations du
monde qui s’affrontent. Or « Les grandes civilisations ne sont pas des
régions sur une planète, ce sont des planètes différentes » (René
Marchand, cité par l’auteur). La réaction à l’immigration ne relève pas
d’une vulgaire xénophobie mais d’un réveil civilisationnel.
5-La mémoire identitaire : Homère et les humanités
Cet exemple aide à percevoir le rôle de
la mémoire identitaire. La mémoire identitaire qui vient du fond des
âges. Dominique Venner donne ici une très belle définition de la
tradition. Ce n’est pas la nostalgie, « c’est tout le contraire, ce
n’est pas le passé, c’est même ce qui ne passe pas. Elle nous vient du
plus loin mais elle est toujours actuelle. Elle est notre boussole
intérieure, l’étalon des normes qui nous conviennent et qui ont survécu à
tout ce qui a été fait pour nous changer » (…) « L’histoire européenne
des comportements pourrait être décrite comme le cours d’une rivière
souterraine invisible et pourtant réelle. La rivière souterraine de la
tradition ». Et Dominique Venner de revenir sur un de ses sujets de
préoccupation : « l’Europe n’a pas de religion identitaire » [puisque le
christianisme est universel] mais elle possède une « riche mémoire
identitaire ». Pour Dominique Venner la cité grecque et Homère en sont
le cœur : Homère qui « nous a légués nos principes de vie : la nature
comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon ». Sans
doute certains pourront-ils être tentés d’élargir ce point de vue à ce
que furent les humanités classiques, modèle de l’honnête homme européen
de 1500 à 1960.
6- Revisiter l’héritage : monde prométhéen, monde apollinien
Dominique Venner ne nie pas la part de
responsabilité de l’Occident dans la domination arrogante du machinisme,
de la technique, du commerce ; dans le triomphe de ce que Heidegger
appelle le « Gestell », la raison utilitaire. Ce qu’un autre philosophe
de l’histoire Spengler appelait la part prométhéenne, la part faustienne
de la civilisation européenne. Dominique Venner appelle lui à
réhabiliter la part apollinienne de la civilisation européenne qui est
caractérisée par l'ordre, la mesure, la maîtrise de soi. Il est aussi
permis de penser à Orphée à qui précisément Apollon donna des dons de
communion avec la nature. Communion avec la nature que l’auteur évoque
en se définissant ainsi : « Je suis du pays de l’arbre et de la Forêt,
du chêne et des sangliers, de la vigne et des toits pentus, des chansons
de geste et des contes de fée, du solstice d’hiver et de la Saint Jean
d’été ».
7- Le cœur rebelle et la bataille des mots
Loin de ces perspectives bucoliques,
Dominique Venner n’oublie pas ses engagements de jeunesse dans le combat
français sur l’Algérie ; engagement qui lui coûta dix-huit mois de
prison en échange… d’une formation historique vécue. Cela vaut au
lecteur de beaux passages sur Le cœur rebelle, titre d’un ouvrage paru
en 1994. Car le cœur doit être « aventureux » pour se libérer du
conformisme du politiquement correct et de la persuasion clandestine de
la pub : « Le cœur aventureux se reconnaît à ce qu’il tire son plaisir
de ce qui pour les autres serait un enfer ». Comment ne pas penser à la
diabolisation et à son parfum capiteux. Autre définition, celle qu’on
trouve dans Le Hussard sur le toit de Giono ; « Sois toujours
très imprudent, mon petit, c’est la seule façon d’avoir un peu de
plaisir à vivre dans notre époque de manufacture. » Dominique Venner
souligne ici l’importance du courage moral (très différent du courage
physique comme le comportement des militaires en est souvent
l’illustration). Un courage moral qui doit être utilisé pour « se
libérer de la peur ou de la fascination des mots ». Car le retour sur le
devant de l’histoire des nations européennes passe aussi par la
bataille du vocabulaire.
8- Le réveil européen : l’inattendu qui vient
Il n’y a pas de nécessité ni de
déterminisme historiques. Les uchronies auraient pu survenir. L’effet
papillon existe aussi en histoire. Celle-ci est le domaine de «
l’inattendu ».Telle est la conviction de Dominique Venner : « Le monde
est entré dans une nouvelle histoire où l’imprévu historique retrouve
ses droits. Ce qui bouge ne peut-être que favorable à un réveil européen
par ébranlement de la puissance suzeraine que sont les Etats-Unis. (…) «
Je crois aux qualités spécifiques des Européens qui sont provisoirement
en dimension. Je crois à leur individualité agissante, à leur
inventivité et au réveil de leur énergie. Le réveil viendra. Quand ? Je
l’ignore. Mais de ce réveil je ne doute pas. » N’oublions pas que « les
réveils historiques sont toujours très lents, mais une fois commencés,
on ne les arête plus ».
9-Le sang et l’esprit
Et en attendant que faut-il faire ?
Transmette ! Transmette la vie, transmettre la culture. Génétique et
mémétique. Le sang et l’esprit. L’avenir appartient à ceux qui ont la
mémoire la plus longue !
Jean-Yves Le Gallou
5/09/2011 source
5/09/2011 source
Ayant vu D.Venner en conférence à Toulouse, il y a +12ans, je confirme que l'achat de ce livre est une acquisition que chaque identitaire européen doit avoir.
RépondreSupprimerJ'ai appris lors de sa conférence que l'histoire est incertain, ce qui est valable aujourd'hui ne l'est pas demain.
Donc soyons prêt!