Reste
que l’arsenal proposé est inquiétant puisqu’il s’agit de réprimer avec
la création d’un nouveau délit figurant au
code pénal «la propagation et l’apologie d’idéologies extrémistes avec
les moyens qui sont déjà ceux de la lutte antiterroriste». Or,
l’article 24 alinéa 6 de la loi de 1881 punit déjà l’apologie
du terrorisme de cinq ans de prison et de 45000 euros d’amende. Il ne
s’agit donc pas de cela. Puisqu’il est question de lutte contre
l’extrémisme sans plus de précision, il est permis d’être
inquiet car l’on sait que pour la classe politico-médiatique la droite
nationale est par nature extrémiste, haineuse et violente et il y a
donc tout lieu de penser qu’elle sera la cible privilégiée
d’une répression renforcée alors qu’elle n’a rien à voir ni de près ni
de loin avec le terrorisme en général ni avec la tuerie de Toulouse en
particulier.
De
plus, l’incitation à la haine et à la violence dont parle Sarkozy et
qu’il veut davantage sanctionner est une notion
très large qui va très au-delà de l’impératif de lutte contre le
terrorisme et qui autorise tous les arbitraires. Il suffit que le
pouvoir décide qui est ou non extrémiste pour pouvoir pourchasser,
traquer et faire condamner ses opposants en toute légalité.
«Désormais, toute personne qui consultera de manière habituelle des
sites internet qui appellent à la haine et à la violence sera punie
pénalement» a ainsi déclaré, martial, le locataire de l’Elysée. Dans
la foulée de l’intervention du président, le Premier ministre François
Fillon a annoncé, dans un communiqué, que le gouvernement
allait s’attacher «sans délai à la mise en œuvre des orientations
fixées» et a réaffirmé que «la lutte contre le terrorisme et ses
motivations, en particulier le racisme et l’antisémitisme, demeure
plus que jamais une priorité absolue pour la République, comme l’a
rappelé le président de la République». On peut donc s’attendre au vote
d’une super-loi Gayssot, ce qui est un comble alors que le
Conseil constitutionnel a tout récemment censuré la loi punissant la
contestation du génocide arménien.
En cela, l’affaire Merah est un Carpentras bis, un nouveau 11-Septembre d’autant que l’ancien patron de la DST (Direction
de surveillance du territoire), Yves Bonnet, a déclaré dans La Dépêche
le 27 mars que Mohamed Merah «avait manifestement des relations avec la
DCRI (Direction centrale du renseignement
intérieur) comme on l’a appris à travers les déclarations de Bernard
Squarcini lui-même. C’est-à-dire qu’il avait un correspondant au
Renseignement intérieur. Alors appelez ça “correspondant”,
appelez ça “officier traitant”… je ne sais pas jusqu’où allaient ces
relations, voire cette “collaboration’”avec le service, mais on peut
effectivement s’interroger sur ce point.[…] Car ce qui
interpelle, quand même, c’est qu’il était connu de la DCRI non pas
spécialement parce qu’il était islamiste, mais parce qu’il avait un
correspondant au renseignement intérieur. Or, avoir un
correspondant, ce n’est pas tout à fait innocent». Visiblement
embarrassé, Bernard Squarcini a eu beau répondre sans convaincre que
Merah n’était «ni un indic de la DCRI, ni d’autres services
français ou étrangers», la thèse du tueur fou isolé qu’il a fallu dix
jours pour identifier et localiser en prend un coup (voir article de
Léon Camus pages 6 et 7).
En
réalité, comme les attentats du 11septembre avaient entraîné les très
liberticides «Patriot Act» aux Etats-Unis et la
loi Perben en France, on peut prédire hélas de nouvelles mesures
scélérates contre les nationalistes français. Il est ainsi question de
ne plus juger désormais les publications poursuivies pour
incitation à la haine raciale dans le cadre (encore quelque peu
protecteur malgré tout) de la loi sur la presse, ce qui permettra de
favoriser et d’accroître les condamnations, bref de faire taire
les voix dissidentes. Loin d’affaiblir le Système, paradoxalement la
tuerie de Toulouse le renforce. Et ce sont les nationalistes qui depuis
des décennies ont sonné le tocsin en mettant en garde
contre les conséquences mortifères de l’immigration-invasion, du
mélange imposé des ethnies et des religions, bref contre les dangers du
cosmopolitisme, qui risquent d’être les premières victimes
des événements de Toulouse et de Montauban. Nous vivons vraiment
l’époque de toutes les impostures, de toutes les trahisons et de toutes
les inversions.
jeromebourbon@yahoo.fr
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