Du
13 au 15 février 1945, les forteresses volantes de la Royal Air Force
et de l’U.S. Air Force déversaient sur la ville de Dresde, merveille de
l’Elbe, des centaines de milliers de bombes au phosphore, détruisant une
grande partie de la ville et tuant un nombre jamais encore défini
d’habitants et réfugiés. Chaque année depuis la réunification de
l’Allemagne, bravant les interdictions officielles et le refus de la
majorité des Allemands d’y participer, de timides commémorations en
mémoire des victimes se déroulent dans la ville qui a admirablement
reconstruit ses trésors architecturaux. A l’occasion de ce
soixante-huitième anniversaire, Tomislav Sunic, de nationalité croate,
diplomate, traducteur, professeur de science politique et historien,
auteur de nombreux ouvrages et articles dont certains ont été présentés
par Polémia, exprime, dans une tribune libre, ses réactions sur le sort
inégal réservé aux victimes innocentes de la dernière guerre. Fort de
son expérience yougoslave, il fait de la ville martyre un symbole et
annonce avant l’heure un cycle européen qui sera fait de violence et de
guerres civiles.
Polémia
Dresde
n’est pas le seul symbole des crimes alliés – symbole qui est
d’ailleurs mentionné à contrecœur par les politiciens du Système. La
destruction de Dresde et le nombre des victimes sont toujours
relativisés dans l’historiographie du Système, étant souvent dépeints
comme « un dommage collatéral dans la lutte contre le mal absolu, à
savoir le fascisme ». Or le problème réside dans le fait qu’il n’y a pas
eu un seul dommage collatéral dans une seule ville nommée Dresde, mais
aussi des dommages collatéraux dans d’autres Dresde, dans tous les coins
de l’Allemagne, et dans toutes les parties de l’Europe. La topographie
de la mort, tracée par les anciens antifascistes, reste une donnée fort
problématique pour leurs descendants d’aujourd’hui.
L’inégalité des victimes
Dans
« la concurrence mondiale pour la mémoire historique », toutes les
victimes ne bénéficient pas des mêmes droits. Maintes victimologies
l’emportent sur les autres tandis que beaucoup d’autres sont censées
tomber dans l’oubli total. Les politiciens du Système sont très zélés
quand il s’agit d’ériger des monuments aux peuples et aux tribus, en
particulier à ceux qui furent victimes des Européens. Un nombre
croissant de dates anniversaires et de jours de réparations apparaissent
sur nos calendriers muraux. De plus en plus, les dirigeants du Système
européen et américain rendent hommage aux victimes non européennes.
Rarement, presque jamais, ils se souviennent des victimes de leurs
propres peuples qui ont souffert sous la terreur communiste et libérale.
Comme mauvais auteurs de crimes figurent toujours les Européens, et
surtout les Allemands, qui sont donc toujours contraints aux rites de
repentance.
Non
seulement Dresde est une ville allemande, ou bien le symbole d’un
destin allemand, mais elle est aussi le symbole européen d’innombrables
villes croates, hongroises, italiennes, belges et françaises qui furent
bombardées par les Alliés. Ce qui m’attache à Dresde m’attache également
à Lisieux, un lieu de pèlerinage en France qui fut bombardé par les
Alliés en juin 1944, comme un autre lieu de pèlerinage, italien
celui-là, Monte Cassino, qui fut également bombardé par les Alliés en
février 1944. A Lisieux, cette petite ville dédiée à sainte Thérèse, le
10 juin 1944, 1200 personnes furent tuées, le monastère bénédictin fut
complètement détruit et 20 religieuses perdirent la vie. Pour dresser la
liste des villes européennes de haute culture qui ont été détruites, il
nous faudrait une bibliothèque – à condition toutefois que cette
bibliothèque ne soit pas une nouvelle fois bombardée par les « world improvers » (*); et à condition que les livres et les documents qu’elle contient ne soient pas confisqués ni interdits de circulation.
En
France, pendant la Seconde Guerre mondiale, environ 70.000 civils
trouvèrent la mort sous les bombes anglo-américaines et démocratiques,
chiffe qui est mentionné avec réticence par les historiens du Système.
600.000 tonnes de bombes furent larguées sur la France de 1941 à 1944,
100.000 bâtiments et des maisons furent détruits. Dans le Système
actuel, les politiciens utilisent souvent les mots « culture » et
« multiculture » ; or, force est de constater que leurs prédécesseurs
militaires se sont distingués dans la destruction des divers monuments
culturels européens.
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samedi 15 mars 2014
De l’amélioration de l’homme par le bombardement de terreur
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