Les
problèmes politiques modernes dépassent de beaucoup, parce que
négligés, les capacités disponibles pour les résoudre. La survie des
communautés humaines dépend d’options à très long terme, excédant les
moyens d’une génération qui, le plus souvent, n’arrive même pas à
résoudre les défis de l’année en cours. Les naufragés, sur une île
déserte, s’entendront mieux que les milliers d’égarés actuels…
Et
pourtant, la seule certitude, c’est l’incertitude d’un monde
déboussolé. Ceux qui pourraient ne savent pas, et ceux qui savent ne
peuvent pas; d’où le problème. Celui-ci consiste avant tout dans une
aggravation permanente face à l’insuffisance des remèdes.
Ce
que nous constatons: le progrès technique, appelé civilisation,
consiste à remplacer une technique, pénible ou onéreuse, par une autre,
aisée ou moins coûteuse. Et l’on observe: tout progrès technique se
double d’une régression plus ou moins visible. Le chauffage central,
entre autres inconvénients, fait perdre l’habileté à utiliser les
fourneaux traditionnels. A un moment donné, le «progrès» s’emballe et
des machines encore neuves vont à la casse, dépassées par un progrès
plus grand, avant même d’être amorties. Il en est ainsi de la machine à
écrire mécanique, remplacée d’abord par la machine électrique, puis
très vite déclassée par les systèmes de traitement de texte
informatisé. Ceci concerne une multitude d’autres inventions, aussitôt
démodées, à peine mises sur le marché. Le bilan global est désastreux,
mais cela pousse à la consommation.
Ce
processus, à côté de beaucoup d’autres, contribue à la chute brutale
des civilisations, survenant le plus souvent juste après leur apogée.
Jusqu’ici, aucun remède: les civilisations, mortelles, naissent et
meurent, sans que l’on puisse intervenir autrement qu’en multipliant les
effets d’annonce et les réformes virtuelles: un constat sans appel
d’impuissance, d’autant plus inquiétant que notre siècle, quant à
lui, a pleinement conscience des enjeux.
Qu’y
faire? Problème! Et par où commencer? Seule solution: mieux étudier les
questions, définir les mots, proposer des remèdes. Mais alors, le
premier postulat, c’est établir ou rétablir la libre expression.
L’actualité montre que voilà un travail de Sisyphe, indispensable
pourtant. Autrement dit, la solution dépend de l’inspiration d’un homme
et de l’aide de quelques-uns, avant de se propager en fonction de
l’efficacité de la méthode. L’avenir sera toujours aux quelques-uns
qui ne désespèrent jamais.
Pour
que cela soit possible, il faut d’abord rétablir la liberté
d’expression. Or l’épreuve des faits a montré que rétablir celle-ci est
un labeur ingrat et de longue haleine. Difficile d’espérer sans
entreprendre et sans persévérer! Des amis, des camarades, ont essayé de
trouver un remède à la décadence; mais la rançon qu’exige la
«civilisation» est un banco qui double aussitôt qu’on arrive à
rassembler la mise, et ainsi de suite… Le problème est planétaire, et
pourtant sa solution, si elle existe, réside avant tout en nous-mêmes.
Le destin nous accordera peut-être encore quelques années, voire
quelques décennies, mais il serait présomptueux de compter sur une trop
grande miséricorde de sa part.
La
machine «humanité», hors contrôle, s’est emballée! Il semble même vain
de tenter de conjurer la menace que présente la civilisation du
progrès: il y a certainement mieux à faire qu’à employer son temps et
son énergie à boucher des trous que d’autres s’empressent de creuser.
Dans
l’incertitude, les événements à venir joueront un rôle sélectif et donc
décisif. Pour les peuples qui en subiront l’épreuve, l’alternative est
simple et le résultat sera sans appel: survie ou disparition.
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lundi 14 juillet 2014
Face au bras de fer mondial
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