vendredi 5 février 2016

Petite histoire des Wandervögel

http://www.etwasprojects.com/wp-content/uploads/2010/03/wandervogel_jugendgruppe_1836297propertyzoom.jpgOrigines et racines culturelles:
- antécédents des guerres anti-napoléoniennes; 1813; volontaires étudiants (Discours de Fichte; mort au combat du poète Theodor Körner; Jahn et ses sociétés de gymnastique);
- velléités nationales et révolutionnaires des Burschenschaften étudiantes; opposition à l’Europe de la Restauration et de Metternich: pas de représentation populaire dans les assemblées décisionnaires; opposition à la censure (attentat de l¹étudiant Sand contre le poète, dramaturge et acteur réactionnaire Kotzebue) => 1848.

Deuxième moitié du XIXième siècle:
- Révolte générale contre les effets sociaux et esthétiques de l¹industrialisation de l’Europe;
- Angleterre: atténuer la laideur des villes industrielles: messages des poètes et des urbanistes. Pré-Raphaélites, mouvement des cités-jardins autour de l’artiste et architecte Ruskin, Mouvement dit des « Arts & Crafts »(jusqu’au début du XXième).
- Autriche: mouvement culturel revendiquant la réconciliation de l’art et de la politique.
- Allemagne: réunification en 1871; industrialisation outrancière; révolte des philosophes et des poètes: Nietzsche, Langbehn (Rembrandt-Deutscher). Langbehn aura un impact prépondérant dans le développement des idées du mouvement de jeunesse allemand. Les choses de l’esprit, le donné naturel, l’âme simple des gens du peuple doivent recevoir priorité absolue sur l’esprit marchand et industriel, sur les choses construites par l’homme, sur les calculs de la bourgeoisie.

1896: Hermann Hoffmann fonde une association d’ »étudiants en sténographie », liée au Lycée (Gymnasium) de Steglitz, une commune verte et non industrielle de la grande banlieue de Berlin. Une idée simple germe: la jeunesse ne peut pas rester prisonnière des cités enfumées de l’ère industrielle: elle doit sortir de cette cangue et partir en randonnée (mot magique en langue allemande: wandern). Résistance des autorités scolaires, contre les excursions proposées. Résistance balayée par les parents et des pédagogues moins classiques, conscients, grâce à leur lecture de Nietzsche et de Langbehn, que l¹éducation doit quitter le trop-théorique pour prendre la vie et le réel à bras le corps.

1898: premières excursions des lycéens de Steglitz sur les bords du Rhin; 1899: excursions de quatre semaines dans les forêts de Bohème. Ces deux expéditions constituent une « révolution » dans le système éducatif de l’Allemagne wilhelminienne.

- Cette pédagogie non conventionnelle, ces excursions deviennent les symboles d’une révolte générale contre l’ordre établi (école, industrie, administration, etc.).

- Karl Fischer (19 ans, plus conscient de cette révolte que Hoffmann) prend le relais de son aîné: randonnées + critique fondamentale de l’ordre établi, au nom d’une éthique de l’austérité (anti-consumériste). Ses origines sont plus populaires (ni aristocrate ni bourgeois). Fischer instaure une discipline plus militaire et organise des excursions plus aventureuses: l’association des « sténographes » devient une Communauté alternative (à laquelle il donne le nom classique de « Gemeinschaft »).

- Le 4 novembre 1901, réunion dans une brasserie de Steglitz, présidée par Fischer: on y décide la fondation d¹une association dénommée «Wandervogel, Ausschuß für Schülerfahrten» (= Oiseau migrateur. Commission pour les excursions scolaires). Veulent renouer avec la tradition médiévale des Vagantes, des escholiers pérégrinants.

- Introduction des soirées autour de feux de camp (dans la vallée de la Nuthe, près de Steglitz), visite de châteaux en ruines et de vestiges médiévaux (romantisme; enracinement dans l’histoire nationale); fêtes solsticiales; romantisme de la montagne, des hauts sommets; culte des lansquenets; etc. Ces grandes idées ont été véhiculées par tous les mouvements de jeunesse idéalistes jusqu’à nos jours, y compris en France.

- Sous l’impulsion de Fischer, diffusion du mouvement dans toute l’Allemagne puis dans les Sudètes, à Prague et à Vienne. Le mouvement «Wandervogel» devient l’expression d’une jeunesse joyeuse, allègre, qui aime la musique, crée ses propres chansons et ses propres mélodies, etc. Mais elle commence à rêver d’un Jugendreich, d’un règne de la jeunesse, affranchi de la tutelle des adultes.
- En 1906, Fischer se retire du mouvement, s’inscrit à l’Université de Halle, puis part pour servir dans la marine allemande, dont une unité est casernée dans la forteresse de Tsing-Gao en Chine (il ne reviendra qu’en 1921, dans une Allemagne complètement transformée).SUITE

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