lundi 1 août 2011

ballade dans le canton de st gengoux le national (71)

Bonne eau, bonnes âmes et bon pied Bonnay !


Les ruines de l’église du doyenné de Saint-Hyppolite (fin XI e-début XII e) témoignent de l’importance de ce domaine agricole de l’abbaye de Cluny.  Photo Thierry Dromard
Les ruines de l’église du doyenné de Saint-Hyppolite (fin XI e-début XII e) témoignent de l’importance de ce domaine agricole de l’abbaye de Cluny. Photo Thierry Dromard

Bonnay (250 habitants) dépendait de Saint-Philibert de Tournus tandis que son hameau Saint-Hyppolite était un domaine agricole clunisien.

En plein Clunisois, ce n’est pas de bol : l’église de Bonnay (1885) est moche, enfin trop haute, trop grande, trop sombre, tape-à-l’œil, gothique. Tout le contraire des nombreuses églises romanes qui font le charme de la région et attirent les touristes ! Mais à l’époque, c’était la mode. Et la communauté villageoise n’allait pas chipoter. Tant pis pour l’édifice roman qui menaçait de tomber en ruine (disparu en 1893), c’était un curé Bonnardel qui construisait sur les deniers familiaux auxquels le village devait déjà beaucoup : une école pour filles, un couvent et l’église donc. La famille Bonnardel est celle qui avait acquis le château de Chassignolles en 1807. Cela dit, dans le premier style roman, il y a Besanceuil, tout près. Et dans le style clunisien plus alambiqué, l’église du doyenné Saint-Hyppolite, en ruines certes, mais à la finesse architecturale remarquable.
Et puis Bonnay - qui, curieusement, dépendant de l’abbaye Saint-Philibert de Tournus - flatte l’œil, toutes ces maisons en pierre ocre de Bourgogne sont un ravissement. En marche donc, depuis l’église. Une tradition orale voudrait que Bonnay trouve son origine dans « bonne aygue » (bonne eau), référence à une source locale qui ne s’est jamais tarie et autour de laquelle s’est construit le village. Et ne parlons pas de celle du hameau de celle de Saint-Hyppolite longtemps censée guérir les fièvres. La commune aime mettre en valeur son « ensemble hydraulique » formé par la fontaine, le lavoir et l’abreuvoir ainsi que deux rigoles qui traversent le village, donnant aux maisons l’eau courante bien avant l’adduction par tuyaux ! Mais en 1119, on désignait ladite communauté par « Belnacium », ce qui fait davantage référence au dieu gaulois Belnacius.
Si l’eau coule de source au village, juste au-dessus où nous emmènent nos premiers pas, à la chaume et dans le bois de Bonnay, c’est bien plus sec. Au point que le chêne pubescent - adapté aux milieux secs et chauds - est roi. Les bois clairs et secs sont aussi propices à une orchidée sauvage assez rare, le « limodore à feuilles avortées » qui présente la particularité de devoir s’associer à un champignon pour y puiser son énergie puisqu’elle n’a pas de chlorophylle.
On devine que ce n’est pas sur cette vague hauteur que le doyenné de Saint-Hyppolite faisait des vaches grasses. Mais plus près de la Guye (rivière), si. Un doyenné était un établissement monastique rural, une ferme dirigée par un moine. Installés dès l’an 910 à Cluny, les moines allaient se faire donner des terres et des droits par des laïcs soucieux de leur salut. Mais c’est dans la seconde moitié du XI e siècle que ces domaines s’organisent entre eux autour de Cluny. C’est alors que se construit Saint-Hyppolite, chargé de produire du vin, des céréales, des volailles, des veaux, des bœufs, des ânes et surtout des porcs. La valeur des terres devait être assez intéressante pour qu’une riche famille du coin, les Gros (forteresse d’Uxelles, château de Brancion), s’opposent aux moines pendant plus de 150 ans sur le doyenné. L’ampleur de l’église construite à la charnière des XI e et XII e siècles témoigne de son importance. Les historiens voient comme un pied-de-nez des moines aux Gros le clocher quadrangulaire reproduisant leur donjon de Brancion.
Dans le paysage, très doux et accueillant de Bonnay, on ne peut malheureusement s’empêcher de remarquer la cicatrice de la ligne ferroviaire, à raison d’un train toutes les 5 minutes, les TGV nous la signalent. Mais quand même, en marchant le soir, on savoure le calme de l’endroit. Pour savourer la cuisine de l’adorable Fiorella qui tient le Matefaim, bar-tabac-brasserie de Bonnay, mieux vaut y passer le midi (le soir, c’est sur réservation). Là, calé dans un fauteuil face au lavoir, le randonneur peut continuer de profiter de Bonnay, sa bonne eau, son bon vin, son bon air.

http://www.lejsl.com/saone-et-loire/2011/08/01/bonne-eau-bonnes-ames-et-bon-pied-bonnay 

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