dimanche 22 mars 2015

La rapport qui a servi de prétexte à la guerre en Irak enfin déclassifié

 
© Roberto Schmidt, AFP | Des soldats américains, en 2004 en Irak, équipés de combinaisons de protection contre les armes chimiques.
Dernière modification : 20/03/2015

Le rapport des services américains de renseignement, utilisé par l’administration Bush pour justifier l’invasion de l’Irak en 2003, a été rendu public jeudi. Rien n’y indique que l’Irak avait des armes de destruction massive.

C’était le 7 octobre 2002. George W. Bush, alors président des États-Unis, avait déclaré que l’Irak de Saddam Hussein "possède et produit des armes biologiques" tout en "poursuivant un programme d’armes nucléaires". Le chef de l’exécutif américain assurait s’appuyer sur des renseignements solides et de première main pour alimenter ses accusations justifiant, selon lui, une intervention militaire américaine.
Beaucoup a été dit et écrit sur le caractère exagéré ou mensonger des affirmations américaines de l’époque pour envahir l’Irak. Mais la preuve définitive du fait que l’administration Bush savait que le régime de Saddam Hussein ne développait pas toutes ces armes de destruction massive tout en hébergeant des membres d’al-Qaïda n’a jamais pu être produite… jusqu’à maintenant.
"Pas les moyens pour fabriquer des armes nucléaires"
Le site américain Vice a en effet publié, jeudi 19 mars, le rapport de 2002 sur la menace irakienne, non-censuré et complet, issu des services américains. Ce document cité par George W. Bush et ses ministres était resté "top secret" depuis 13 ans.
À sa lecture, on comprend les réticences des autorités américaines. Concernant les armes chimiques, les espions américains notaient seulement que l’Irak avait "rénové une usine de fabrication de vaccins" et détenait toujours des stocks de certains gaz dangereux (comme le sarin), mais qu’il n’y avait pas d’autres indices laissant supposer que Bagdad avait relancé un éventuel programme d’armes biologiques.
Saddam Hussein n’avait, selon les auteurs de ce rapport, "pas les moyens pour fabriquer des armes nucléaires"... même si les agents américains jugeaient qu’il en avait envie. Dans sa conclusion, l’assistant au secrétaire d’État au renseignement affirme que l’utilisation par Saddam Hussein d’armes de destruction massive est "peu probable", un ton bien moins affirmatif que le président va-t-en-guerre George W. Bush.
Al-Qaïda en Irak : des "preuves irréfutables" et "très discutables"
Le ton n'est pas non plus le même concernant l'éventuelle collusion entre Saddam Hussein et Al-Qaïda. Si Donald Rumsfeld, le secrétaire à la Défense de l’administration Bush, avait affirmé que les services de renseignement lui avaient fourni des "preuves irréfutables" du fait que l’Irak abritait, en connaissance de cause, des membres de l’organisation terroriste, les auteurs du rapport écrivent que "la présence d’agents d’Al-Qaïda en Irak est très discutable".
Ils soulignent à plusieurs reprises que les sources fiables manquent pour étayer la thèse d’une collaboration entre le régime irakien et les terroristes du mouvement d’Oussama Ben Laden. "Saddam Hussein est très suspicieux à l’égard de tout ce qui touche à l’islamisme radical", rappelaient même les agents du renseignement.
Pour les auteurs, une collaboration entre le régime irakien et Al-Qaïda aurait pu provenir... d’une opération militaire américaine. "En cas d’attaque américaine, Saddam Hussein pourrait, s’il est désespéré, s’en remettre à une organisation comme Al-Qaïda [...] et juger qu’aider une organisation islamiste radicale à attaquer les États-Unis serait sa meilleure chance de se venger", écrivent les services du renseignement. suite et source

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