Voici un article de Julien Rochedy, ex leader du FNJ et porte paroles du FN-RBM
aujourd'hui il n'est plus membre du FN-RBM et peut s'exprimer librement sur sa vision de la France d’aujourd’hui et de demain.
Sa vision et celle de Terre et peuple ne sont pas antagoniste.
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aujourd'hui il n'est plus membre du FN-RBM et peut s'exprimer librement sur sa vision de la France d’aujourd’hui et de demain.
Sa vision et celle de Terre et peuple ne sont pas antagoniste.
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Pendant des années, je me suis convaincu que le meilleur message à
porter était celui de l'assimilation. Plusieurs raisons m'y poussaient.
D'abord, ce principe était
abandonné par les autres, la gauche et la droite, lesquelles prirent le
parti de l'intégration voire de « l'inclusion », c'est à dire autant de
systèmes laissant aux personnes d'origine immigrée le privilège de
conserver, sinon l'entièreté de leur culture, au moins la fierté de
leurs origines et tout ce qui va avec. La nature ayant horreur du vide,
il y avait là un principe on ne peut plus républicain à récupérer et à
porter d'un point de vue politique.
Ensuite, je pensais que ce
principe correspondait particulièrement à, disons, l'âme française. La
France étant une nation singulièrement culturelle, et les français
n'ayant, par nature, presque aucune conscience ethnique (contrairement
aux allemands, anglais et autres italiens), nous ne pouvions que
demander aux habitants de France de respecter une culture majoritaire.
Ce message, me semblait-il, non seulement pouvait être entendu et
apprécié par les français, mais il présentait de plus l'avantage –
considérable – de ne pas prêter le flanc, ou très peu, aux accusations
de racisme qui ont toujours plu sur le mouvement national.
Je supposais aussi que
l'arbre français était capable de supporter de nouvelles branches, et
que, perdus pour perdus, le mieux qu'il nous restait à faire était de
transformer un maximum de personnes d'origine immigrée en parfaits
français « culturels », c'est à dire prenant en eux-mêmes, le plus
qu'ils le pouvaient, une partie de notre héritage civilisationel afin de
le transmettre, eux-aussi.
Ce discours de
« l'assimilation », avec tous les avantages qu'il procurait, devint
celui que choisit Marine Le Pen pour parler d'immigration. C'est
toujours le sien aujourd'hui, et, en tant que l'un de ses portes-paroles
pendant des années, je véhiculais avec lui dès qu'un micro ou un
auditoire m'étaient offerts.
Aujourd'hui, je dois le dire, je veux faire mon « coming-out » communautariste. Là encore, plusieurs raisons m'y poussent.
D'abord, même si je
tentais d'y penser le moins possible, je savais très bien qu'il est
impossible d'assimiler dix à quinze millions de personnes. L'argument
est banal mais il est valable : on peut assimiler des individus mais pas
des peuples. A l'échelle de ces chiffres, nous avons à faire à des
peuples, non plus à des individus ayant été transférés dans des familles
d'accueil. Cela ne s'est jamais produit dans l'Histoire, et puisqu'elle
est, pour nous, notre seule véritable école politique, nous ne voyons
pas comment un tel exploit serait possible aujourd'hui, d'autant que les
conditions, ne serait-ce que pour essayer, sont désormais les pires
possibles. En effet, la puissance d'attraction de la culture et de la
civilisation françaises a fortement diminué. Nous ne sommes hélas plus
au 18eme ou 19eme siècle. Nous avons cédé face aux cultures
anglo-saxonnes depuis déjà trop longtemps, et, tandis qu'un certain
nombre de français de souche n'ont déjà quasiment plus beaucoup
d'attirance pour leur propre civilisation, on voudrait que des français
de fraîche date devinssent des Jean Gabin et récitassent du Corneille ou
du Racine ? Cela paraît hautement improbable. Et puisque de toute façon
nous n'avons pas commencé,
depuis trente ans, par l'assimilation, nous nous trouvons en face de
gens déjà formés par leur propre culture. En somme, c'est déjà trop
tard. Ajoutez à cela des cultures profondément différentes des cultures
européennes, parce qu'africaines, musulmanes, etc, et vous vous
retrouvez dans une situation impossible.
En
définitive, désormais, l'assimilation relève du rêve ou de la gageure.
Les communautés se forment déjà sur notre territoire, tout à fait
naturellement. Un million de hussards noirs, sveltes et sévères, qui
ressusciteraient, n'y pourraient rien. Et de toute façon, nous ne les
avons pas. Le sort est donc jeté.
Mais puisque nous parlons
de « messages politiques », venons-en. Les plus malins du Front National
ne croient pas plus à l'assimilation de quinze millions de personnes
que moi, mais rétorquent habilement que ce discours reste le plus utile à
tenir. Il rassure les français sur une vieille illusion de paix sociale
garantie par une forte culture commune, et peut même agréger au
mouvement des personnes d'origine immigrée qui aurait fait le choix
personnel de s'assimiler parfaitement.
Oui, ça peut marcher, et d'ailleurs, dans une certaine mesure, ça marche.
Toutefois, je crois qu'il
est possible que le FN ait un coup d'avance en assumant une donnée qui
sera la réalité incontestable de demain. En vérité, puisque le
communautarisme tiendra lieu de système social dans la France – voire
l'Occident tout entier – de demain, la question qu'il reste à trancher
est celle de son application : sera-ce un communautarisme larvé et
conflictuel ou au contraire ordonné ?
Les intérêts politiques d'un tel discours seraient les suivants :
Déjà, il serait plus
proche des réalités et du possible. Alors certes, dans la « politique
com », ce n'est plus vraiment l'essentiel, mais pour celui qui voudrait
se préparer à exercer, effectivement, le pouvoir, intégrer à son logiciel la vérité et les éléments du possible n'est pas chose superfétatoire.
Il réaliserait aussi l'équation assumée de ce qui est
déjà, à savoir que le Front National est le parti des français, de ceux
qui se ressentent et se respirent comme tel, et dont la plupart, qu'on
le veuille ou non, ne sont pas d'origine immigrée.
De plus, ce message serait
loin de faire fuir les voix des personnes d'origine immigrée. Je
m'explique : j'ai été frappé de constater qu'un tel discours
responsabilise et rassure les français musulmans ou simplement
d'origines étrangères. Il ne leur somme pas de devenir de « parfaits
français », ce qu'ils n'ont pas envie d'être, à de rares exceptions,
mais leur permet de rester ce qu'ils sont, organisés, respectés, avec
comme seules conditions d'honorer les lois du pays en n'étant pas à sa
charge. En clair, il rehausserait le drapeau et l'Etat au dessus des
communautés, lesquelles seraient, le plus possible, encouragées toutes à
leur porter allégeance. Nous aurions là des français, tous rassurés dans leur manière de vivre, mais travaillant de concert pour leur bien propre.
Alors certes, on va me
dire que ce modèle est celui des Etats-Unis. Oui, c'est vrai. Là-bas,
dans l'archétype, les communautés existent et vivent plus ou moins comme
elles l'entendent, du moment qu'elles respectent les lois de l'Etat et
soient capables de le servir dans une conscience rehaussée de servir
quelque chose qui les dépasse et les garantie dans leurs modes de vie.
Ce n'est pas l'idéal, bien
entendu. Mais nous n'avons plus quinze ans : l'idéal est derrière nous.
Nous devons faire au mieux avec les conditions sociales qui sont les
nôtres, et tant pis si celles-ci ressemblent désormais aux sociétés
multiculturelles anglo-saxonnes. Ce n'est pas de notre faute si c'est
ainsi. S'il n'en avait tenu qu'à nous, il n'y aurait pas eu
d'immigration et tous ces problèmes ne se seraient jamais posés.
De toute façon, quelle est
l'alternative ? Entendu que quinze millions de personnes, sans doute
vingt demain, ne deviendront jamais, tous, des auvergnats et des bretons
classiques, il va bien falloir organiser un peu tout cela. Ne serait-ce
que – parce que nous y tenons – pour conserver le type classique
de l'auvergnat et du breton. Restes des solutions de guerre civile, de
remmigration massive ou de génocides, mais personne, en l'état, en
raison et en morale, ne peut proposer de telles solutions. Dès lors, organiser en vue de la France
des communautés qui de toute façon existent et existeront encore plus
demain, semble la seule solution d'avenir à la fois pacifique et
salutaire. Le reste n'est qu'illusions, anarchie et sang.
PS : J'ajoute, pour ceux
qui rêvent de "remigration", que celle ci ne pourrait être envisageable
que dans un contexte de communautés clairement identifiées. Tous les
exemples de mouvements de populations dans l'Histoire en témoignent.
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