jeudi 1 septembre 2011

Dijon - violences

Un adolescent a été roué de coups dans le centre-ville de Dijon. Son père témoigne de la violence et de la gratuité de l’agression qui a fait voler en éclats la jeunesse de son fils.

Choqué, bouleversé, ulcéré, triste… Tels sont les mots à mettre sur les maux de ce père de famille dont le fils de 15 ans a été sauvagement agressé le 19 août, rue Berbisey, à Dijon.
« Venez vite, il est aux urgences ! » Cette phrase continue de hanter les nuits des deux parents de la victime. L’agression s’est déroulée, place Jean-Macey, à proximité de la rue Berbisey, le 19 août, à 1 h 30. Le jeune homme, de type européen, que nous appellerons Paulo, marchait en compagnie de deux copains, l’un d’origine maghrébine et l’autre d’origine africaine. Ces précisions sont à prendre en compte dans le déroulé de cette affaire.

Passé à tabac

Tout à coup, un individu interpelle Paulo et lui demande si c’est lui qui vient de « rayer sa voiture », il lui porte simultanément un coup violent qui fait chuter le jeune homme. S’en suit une pluie de coups de pieds à la tête et dans le dos. Atterrés, les deux amis de la victime tentent de s’interposer, mais en vain. L’agresseur est plus âgé, plus fort et sans doute mieux « entraîné ». Le jeune homme parvient à se relever et à se sauver avec ses copains en direction de la rue du Bourg, mais ils sont suivis par le voyou qui a, entre-temps, appelé du renfort. Arrivé place François-Rude, le jeune Dijonnais est rattrapé et passé de nouveau à tabac. Cette fois, l’homme n’est plus seul. Son frère et tout un groupe d’individus majeurs lui prêtent main-forte (plus d’une vingtaine, selon la victime). L’adolescent reçoit plusieurs coups de pied. Dont, un, dans l’œil. Il entend également la phrase suivante : « On casse du cblan (blanc) ! » Ses amis n’ont, effectivement, pas été pris à partie par la bande.
Le père de la victime, chef d’entreprise, est effondré : « Cette violence m’insupporte. Je m’emploie à éduquer mes enfants dans le sens des valeurs. Les mots racistes sont interdits à la maison. Chez nous, black, blanc, beur, peu importe, c’est la personne qui a de l’importance et je suis pour l’ouverture aux autres cultures. Les deux amis de mon fils en sont la preuve. »
Et ce père de famille de s’interroger : « Avec la multiplication de telles agressions gratuites, comment ne pas craindre la montée de l’extrême-droite ? Comment vont faire les victimes et leurs familles, pour résister aux sirènes du Front national ? »
Il s’indigne : « Ces s…, ces lâches, viennent ternir l’image de la communauté maghrébine qui ne le mérite pas. Mais pourquoi n’intervient-elle pas ? Pourquoi ne fait-elle pas le nécessaire pour faire régner l’ordre ? »
Les urgences ont délivré une interruption temporaire de travail de cinq jours au jeune homme dont le visage et l’œil tuméfiés font froid dans le dos. Une plainte a été déposée.
« Le policier qui nous a reçus a été très bien. Il a fait son travail et il nous a écoutés. Mais je n’ai pas pu m’empêcher de ressentir, en filigrane, une forme d’impuissance. Comme si ces bandes, ces hordes n’étaient plus maîtrisables.»
Depuis l’agression, Paulo, très angoissé, ne dort plus.

source:

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire