« L’Union européenne, est à la dérive. La question commence à être
posée de sa fin possible, à travers les difficultés récurrentes de la
zone euro et l’inefficience de ses principaux rouages. Le repli sur ses
vieilles nations serait-il pour autant la planche de salut d’une
expérience malheureuse et qui aurait tourné court parce qu’elle allait à
contre-sens de l’Histoire ? Certainement pas, quand on constate que
tous les pays européens présentent, à des degrés divers, le même
syndrome caractéristique des fins de cycle civilisationnel.
Plus que jamais, le seul recours est dans la construction de. L’Etat
européen, par et pour les peuples d’Europe. » Gérard Dussouy
L’Europe oscille entre le dogme suranné de la souveraineté nationale,
suranné parce que la souveraineté réelle ne peut plus s’exercer à ce
niveau, et un européisme angélique dont l’impuissance à résoudre les
problèmes qui se posent aux Européens ne peut qu’alimenter la nostalgie
des souverainetés nationales. Une double impasse. Gérard Dussouy,
géographe et spécialiste des questions de la mondialisation, montre la
convergence pour l’Europe de plusieurs crises : une crise démographique,
– l’Europe ne renouvelle pas sa population, vieillit et son poids dans
le monde s’amenuise -, une crise identitaire liée à l’immigration –
fausse solution au problème précédent et même facteur aggravant
(« l’immigration met un terme à toute mémoire collective, qu’il s’agisse
de la mémoire européenne ou de la mémoire nationale »), une crise
économique marquée par le sous-emploi et le déplacement du centre de
gravité mondial vers « le Grand Océan » c’est-à-dire l’Océan Pacifique
plus l’Océan Indien, enfin une crise de la volonté et de la
représentation même de l’Europe. Ce dernier point mérite attention : il
fait de l’Europe de Bruxelles un objet politique non identifié. Les
dirigeants européens refusent, seuls dans le monde, de se penser garants
d’une histoire, d’une identité, d’un destin collectif. Ils ne veulent
fixer à l’Europe ni un contenu, ni des frontières, ni un objectif
mobilisateur. L’irénisme des dirigeants, leur incapacité à doter
l’Europe d’un outil militaire conséquent n’est que le corollaire de
cette absence de vision proprement politique. Bernard-Henry Lévy
affirme : « S’il y a un sens à être européen, c’est précisément des
valeurs qui ne sont pas liées au sol natal, mais qui ont vocation à
s’universaliser, qui valent pour tous les humains. Le sens de l’Europe,
c’est le sens de l’universel » (29 janvier 2013). Selon les
intellectuels mondialistes, l’Europe doit donc être « ouverte vers
l’ouverture ». Tous « unis vers l’uni » en d’autres termes. Cet
universalisme l’a pour l’instant emporté : l’Europe refuse d’affirmer
tous les éléments constitutifs de son identité (« demain nous fêterons
les Blandine » nous dit-on mais jamais « demain ce sera la Sainte
Blandine » !). Nous en sommes là : l’Europe est le seul lieu du monde
qui refuse d’affirmer ce qu’il est sur son propre sol.suite de l'article
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